Une des plus étranges découvertes récentes des neurosciences, due à Giacomo RIZZOLATTI*, est l’existence de neurones dans le cerveau qui ne sont pas seulement activés quand nous faisons quelque chose, mais également quand nous voyons quelqu’un d’autre le faire. Ces neurones, mis en évidence chez le macaque et situés dans l’aire F5 du cortex prémoteur ventral du singe, sont appelés "neurones miroirs" parce que l’action observée apparaît reflétée, comme dans un miroir, dans la représentation motrice cérébrale de la même action chez l’observateur. Le singe mange une cacahuète -> une zone du cerveau s’active. Un autre singe (ou un expérimentateur) mange une cacahuète -> la même zone du cerveau s’active de façon identique à nouveau chez l’observateur.
Ces neurones réagissent à une action faite par autrui de façon spécifique, comme s’ils réagissaient à l’intention d’action. En effet :
Ces neurones miroir semblent également exister chez l’homme où ils se situeraient dans une zone du cerveau appelée gyrus frontal inférieur. Il est supposé que l’existence de ces neurones miroirs est un avantage dans les espèces à comportement social en permettant à chacun de comprendre les comportements des autres, voire leurs intentions. Ils ont également un rôle dans les comportement d’imitation (comportement d’apprentissage), dans l’acquisition du langage et favoriseraient l’empathie. Ainsi, en voyant une personne souffrir, nous ressentons aussi sa souffrance et nous cherchons alors à aider l’autre, ce qui est également une façon de mettre fin à notre propre souffrance.
L’autisme pourrait être lié à un défaut de neurones miroirs, expliquant les déficits dans les interactions sociales : l’autiste est incapable de comprendre les intentions d’autrui et les signification de leurs expressions émotionnelles.
D’autres dérèglement pourraient être liés au neurones miroirs, tels que l’échopraxie (répétition des gestes d’autrui) et l’écholalie (répétition des mots d’autrui). Certains symptômes de la schizophrénie pourraient être dû (hypothèse) à un dysfonctionnement des neurones miroir, comme le fait d’attribuer ses propres sensations mentales à d’autres personnes.
Enfin, il semble qu’on peut observer tous les jours les effets des neurones miroirs à travers quelques comportements d’imitation spontanée :
Je fais moi-même régulièrement l’expérience suivante : dans une réunion, changez brusquement d’attitude en prenant une position différente de tous les autres (affalez-vous en arrière avec les mains croisées dans la nuque, par exemple) et observez combien de personnes ébauchent votre geste, voire le copient pendant quelques instants (avant de s’apercevoir du côté saugrenu de la situation).
"Miroir, oh mon miroir, ne suis-je pas le plus beau car tout le monde m’imite ?".
* http://www.heliovision.fr/information_links/discours_Rizzolatti_12_12_06.pdf
Références :
Hickok G, Hauser M. (Mis)understanding mirror neurons.Curr Biol. 2010 Jul 27 ;20(14):R593-4.
Molnar-Szakacs I, Overy K. Music and mirror neurons- from motion to ’e’motion. Soc Cogn Affect Neurosci. 2006 Dec ;1(3)-235-41.
Kilner JM, Neal A, Weiskopf N, Friston KJ, Frith CD. Evidence of mirror neurons in human inferior frontal gyrus. J Neurosci. 2009 Aug 12 ;29(32)-10153-9.
Hickok G. The role of mirror neurons in speech and language processing. Brain Lang. 2010 Jan ;112(1)-1-2.
Franceschini M, Agosti M, Cantagallo A, Sale P, Mancuso M, Buccino G. Mirror neurons- action observation treatment as a tool in stroke rehabilitation. Eur J Phys Rehabil Med. 2010 Dec ;46(4)-517-23.
Predicting the Future- Mirror Neurons Reflect the Intentions of Others. PLoS Biol. 2005 Mar ;3(3)-1.
Ce forum est modéré a priori : votre contribution n'apparaîtra qu'après avoir été validée par un administrateur du site.
Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.
[->url] {{gras}} {italique} <quote> <code>
<q> <del> <ins>
Veuillez laisser ce champ vide :